Par Ferran Gili-Millera, directeur musical d’Amabilis
Jean-Philippe Rameau (1683-1764) consacre la plus grande partie de sa production à la scène et mène le dernier Baroque français à son apogée, s’opposant avec force aux canons de l’opéra italien. Dans ce domaine, sa création la plus célèbre est l’opéra-ballet « Les Indes galantes », créé en 1735. Comme toutes les œuvres de son genre, il est composé d’un prologue et plusieurs « entrées », quatre dans ce cas particulier. En effet, dans l’opéra-ballet on ne parle pas d’actes, mais d’entrées, dans la mesure où chacune de ces parties présente un argument indépendant de toutes les autres, et elles ne sont reliées que par un thème commun. Les intermèdes dansés, dont le prétexte est fourni par l’action, occupent une place prépondérante.
Dans « Les Indes galantes », les quatre entrées ont en outre la particularité d’être placées à différents endroits de la Terre, à la recherche sans doute d’un peu d’exotisme. Les intrigues situées en Turquie, en Perse, au Pérou et en Amérique du Nord servent donc à introduire un spectacle très varié, où le rôle primordial est attribué à la danse, appuyée par des machineries, des décors et des costumes somptueux.
Oubliée pendant plus d’un siècle et demi, l’œuvre fut partiellement reprise à l’Opéra-Comique en 1925, avant de la représenter enfin dans son intégralité en 1957, à l’opéra royal du château de Versailles en présence de la reine d’Angleterre, en visite officielle en France.
Paul Dukas assura la révision de huit de ses danses, publiées en deux suites différentes, sous la direction de Camille Saint-Saëns. Dans le concert que nous vous présentons la première suite, constituée de la Marche pour la fête des fleurs (entrée 3, « Les fleurs, fête persane »), deux courts Menuets enchaînés (extraits du Prologue), la Danse du Grand calumet de la paix, ou Danse des sauvages, et la Chaconne finale (entrée 4, « Les sauvages »).